🏭 Industrie - Émissions et transition - [fiche secteur]

On fait le point sur les émissions CO2e de l'industrie, les leviers de réduction et les risques climatiques.

SOMMAIRE



❓ Le secteur de l'industrie a une importance particulière : à la fois secteur à part entière, mais colonne vertébrale pour d'autres, sa décarbonation sonnera le début de la décarbonation d'une multitude d'autres secteurs qui lui sont dépendants. Ainsi, l'industrie doit pouvoir fournir des infrastructures et des biens aux autres secteurs pour se décarboner, tout en s'assurant que leur production soit quasi neutre en carbone. L'industrie française recouvre des secteurs et des réalités différentes telles que l'industrie métallurgique, manufacturière, chimique, etc. De ce fait, vous trouverez dans cette fiche des recommandations transverses, et non précises à chaque sous-secteur.

🏭 Les émissions de CO2e de l'industrie française


📊 Quelques chiffres


Afin de bien commencer, voici un bref état des lieux du secteur de l'industrie dans le monde et en France. 

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🎯 Les objectifs de réduction


À la lumière des chiffres précédents, la Stratégie Nationale Bas Carbone définit pour l'industrie les objectifs suivant de réduction des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2015 :

  • En 2030 : -35 %, les émissions ne devront pas dépasser 53 Mt CO2e. 
  • En 2050 : -81 %, les émissions devront être inférieures à 16MtCO2e. 

D'après The Shift Project, seule une combinaison de trois leviers de réduction pourra permettre d'atteindre ces objectifs : la sobriété, le progrès continu et la rupture technologique. Carbo propose en plus, un quatrième levier, la filière "après première vie".

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📉 Comment réduire ? 


😌 Levier de réduction n°1 - La sobriété


La sobriété renvoie à "une modération de la production et de la consommation de ressources énergétiques et matérielles, par une transformation des modes de vie au-delà de la recherche d'efficacité. Dans l'industrie, il s'agit de privilégier les énergies décarbonées, de favoriser l'économie circulaire, etc.

La France a un quota d'émissions à respecter et ne pourra rien mettre en place de suffisamment efficace sans passer par la sobriété.

La SNBC met ainsi en avant la nécessité de créer un cadre qui incite à la maîtrise de la demande en énergie et en matière afin de privilégier correctement les énergies décarbonées et l'économie circulaire.

🎯 Ce levier compterait pour 20% de la décarbonation d'après le Plan de Transformation de l'Économie Française (PTEF).

Voici quatre moyens de réduire l'empreinte carbone des matières premières :

  • L'utilisation de matériaux recyclés,
  • La substitution par des éco-matériaux,
  • L'éco-conception des produits,
  • La diminution de mise en marché de certains produits.

🏃‍♂️ Levier de réduction n°2 - le progrès continu


Le deuxième levier, le progrès continu, permet aux entreprises de réduire leur intensité carbone (tCO2e par unité produite ou par € de chiffre d'affaires par exemple).

La Stratégie Nationale Bas-carbone (SNBC) accompagne les entreprises dans leur transition vers des systèmes de production bas-carbone et le développement de nouvelles filières.

🎯 Ce levier compterait pour 40% de la décarbonation d'après le PTEF.

💡 Exemple : Le secteur papier-carton, est très énergivore en raison de la cuisson des pâtes et du séchage du papier : 95% des émissions sont liées à la combustion d'énergie pour produire de la chaleur. En ce sens, la décarbonation de la filière papier-carton devra passer par un progrès continu menant à l'électrification des procédés. Cela peut passer, par exemple par l'utilisation de la pompe à chaleur à haute température.

🦾 Levier de réduction n°3 - la rupture technologique


Le troisième levier, la rupture technologique, est une innovation qui permet de remplacer une technologie par une autre. Par exemple, remplacer l'usage de l'hydrogène produit par électrolyse, du Carbon Capture and Storage (CCS), du recyclage chimique, etc.

La SNBC engage dès maintenant le développement et la mise en place de technologie de rupture afin de supprimer les émissions résiduelles.

Par ailleurs, le CNRS et l'IFPEN ont lancé un nouveau programme en juin 2023 dans le but de "soutenir l'innovation pour développer de nouveaux procédés industriels largement décarbonés", soutenus par un budget de 70 millions d’euros et qui s'intègre dans l'objectif de décarbonation de l'industrie d'ici 2030. (Source)

🎯 Ce levier compterait pour 40% de la décarbonation d'après le PTEF.

Quatre éléments pourront être combinés pour compenser les émissions liées à la production des matières premières :

  • Électrification des processus de production,
  • Recours aux biocarburants,
  • Captage et stockage du CO2,
  • Efficacité technologique.
⚠ Néanmoins, les technologies de ruptures sont un pari poussé et les risques d'échec existent. Développer les technologies de rupture ne peut pas se faire seul. Cela doit impérativement être accompagné d'un suivi précis afin de détecter des potentiels écarts trop grands entre les résultats réels et la trajectoire prévue. Si c'est un échec, il faudra se reposer encore davantage sur le premier levier présenté, la sobriété. 

🧬 Levier de réduction n°4 - développer la filière "Après première vie"


La filière de l'Après-Première Vie (APV) concerne les activités de recyclage, de réparation et de réemploi.

Dans une optique de décarbonation du secteur industriel, et en alignement avec la notion de sobriété, il paraît incontournable de structurer cette filière pour la rendre compétitive et viable économiquement.

Bien que déjà présente en France, et en particulier pour les produits issus de l'industrie métallurgique et plastique, elle demeure insuffisante. C'est pourquoi le PTEF propose de construire un espace de gouvernance au sein d'une vraie filière de l'APV. Cela se ferait par la résolution des conflits d'usages potentiels au niveau de la répartition de traitement des déchets, en adéquation avec les évolutions du reste de l'économie.

⏭️ L'adaptation de l'industrie aux changements climatiques


En plus de réduire et ralentir les changements climatiques, les entreprises doivent anticiper et s'adapter à leurs conséquences.

🌪️ Les risques physiques


Les risques physiques résultent des conséquences des changements climatiques :

  • Évolution des températures moyennes,
  • Évolution des régimes de précipitations,
  • Augmentation de la fréquence et de la gravité des événements climatiques extrêmes…

Les risques sont multiples :

  • Risques sur les infrastructures,
  • Raréfaction des ressources naturelles,
  • Coûts liés aux catastrophes climatiques,
  • Conséquences sur la chaîne d'approvisionnement,
  • Problématiques sociales et géopolitiques.

💡 Exemple : bien que ce soit la ville la plus humide au monde avec une moyenne de 2 600 millimètres de précipitations par an, Taïwan a fait face, en 2020, à une forte sécheresse avec des précipitations d'eau inférieures à 40% de la moyenne avec des réservoirs d'eau en bas des montagnes presque complètement secs. Cette sécheresse s'est fortement ressentie dans l'industrie de semi-conducteurs qui en dépend fortement puisque l'eau pure est utilisée pour rincer les puces, et les fabriquer. Il faut compter environ 1 litre d’eau pour la fabrication d'une seule puce. Cette pénurie d'eau entraîne ainsi une pénurie de semi-conducteur au niveau mondial. Assez embêtant quand on sait que la demande d'ordinateurs et d'appareils électroniques a fortement augmenté depuis la pandémie du Covid-19.

ADEME

Source : ADEME

🚩 Les risques de transition


Les risques de transition sont les risques résultant de la transition vers une industrie bas-carbone, introduits notamment par les évolutions réglementaires et politiques.

La nature de la trajectoire bas-carbone entraîne une incertitude "radicale" qui caractérise les risques de transition, et une incertitude plus "habituelle" concernant les différentes mises en œuvre de cette trajectoire, au niveau économique et social.

💡 Exemples : l'augmentation des prix de l'énergie ou l'évolution réglementaire comme la taxe carbone devront être prises en compte dans vos plans de transition. La taxe carbone devrait atteindre 100€/tCO2 en 2030, dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte.

👉 Adaptez votre entreprise


4 étapes pour adapter son entreprise aux changements climatiques :

  1. Comprendre en quoi l'entreprise est vulnérable et exposée aux risques,

  2. Atténuer sa vulnérabilité grâce aux changements de procédés,

  3. Atténuer sa vulnérabilité grâce à la diversification,

  4. Améliorer sa résilience face aux phénomènes extrêmes.

1. Analysez votre vulnérabilité face aux changements climatiques

Comprendre sa dépendance aux ressources naturelles est la première étape. Il faut aussi comprendre l'influence des changements climatiques physiques sur ces ressources et donc, par extension, sur son entreprise.

Vous devez analyser :

  • Votre dépendance aux ressources naturelles,
  • Votre vulnérabilité aux phénomènes climatiques extrêmes (inondations, sécheresses…),
  • Les impacts potentiels sur vos unités de production, vos revenus, vos collaborateurs, votre chaîne de production, vos immobilisations…

Dans l'état actuel, dans quelle mesure votre entreprise est-elle capable de faire face à ces risques ?

🧰 Outil : utilisez la méthode OCARA, le premier référentiel d'analyse de la résilience des entreprises à la dérive climatique.

L'analyse de la résilience climatique (étape 1) évalue le niveau de résilience de l'entreprise au climat actuel. Associée à l'étape 2 (projections et scénarios d'impacts climatiques), la démarche permet de réaliser un diagnostic des risques physiques qui est à la fois holistique et systémique. L'étape 3 (plan de résilience) permet d'identifier et de planifier les trajectoires d'adaptation.

Un outil développé par Carbone 4 en partenariat avec l'ADEME, HDI Global France, Bureau Veritas et la CCI Grand-Est.

👉 Téléchargez l'outil gratuitement

 

2. Prévoyez des changements de procédés

Des solutions techniques et l'adoption de nouveaux procédés vous permettront à la fois de limiter votre dépendance aux ressources naturelles, mais aussi de prévenir les conséquences des dérèglements climatiques comme les catastrophes naturelles.

 

3. Diversifier son activité pour limiter les risques

Cela passe par la diversification géographique, la diversification de produits, la diversification des actifs, etc.

 

4. Améliorer sa résilience face aux phénomènes extrêmes
  • Tout d'abord, pour partager et répartir les risques, utilisez des instruments financiers,
  • Ne négligez pas les risques physiques dans les négociations de contrats, les évaluations économiques de nouveaux projets et les projets de coentreprises,
  • Songez à prendre une assurance,
  • Collaborez avec vos partenaires de l'industrie et vos parties prenantes. Ainsi, vous réduisez les risques, évitez les conflits tout en profitant de l'expérience des autres...
  • Enfin, mettez au point des plans d'urgence et de remise en état pour mettre à l'abri vos actifs, votre personnel et vos activités. 

Dans ce document réalisé par l'ADEME, découvrez les retours d'expériences de 4 entreprises quant à leurs adaptations aux changements climatiques :

La Librairie de l'ADEME 📖

 

👇 Votre stratégie climat


🔁 Faites une ACV pour compléter votre bilan carbone


L'analyse du Cycle de Vie (ACV) calcule l'impact environnemental d'un produit depuis l'extraction des matières premières jusqu'à la fin de vie de votre produit. Quantifier les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'énergie, la production de déchets, etc., cela permet de cerner les plus grands impacts environnementaux et d'établir de façon plus complète et plus précise les efforts d'amélioration vers les étapes les plus critiques du cycle de vie du produit.

💡 Si vous effectuez l'ACV complète d'un ou plusieurs de vos produits, nous pouvons l'intégrer dans votre bilan carbone. Parlez-en à votre Coach Carbo.

 

 🔩 Optez pour l'éco-conception


Réduisez l'empreinte de vos produits fabriqués !

L'éco-conception c'est réduire au maximum l'impact environnemental d'un produit, sur l'ensemble de son cycle de vie. On tente ainsi de minimiser la consommation d'énergie, la production de déchets, l'utilisation de matières premières, etc.

Voici quelques étapes à suivre pour éco-concevoir :

  1. Identifier les points critiques : il faut comprendre quelles sont les étapes du cycle de vie du produit qui ont le plus d'impact sur l'environnement : cela peut être la production de matières premières, la fabrication du produit, ou le transport, mais aussi l'utilisation même du produit et sa fin de vie.

  2. Définir les objectifs : après avoir fait l'état des lieux et avoir identifié les points à améliorer, il faut établir des objectifs précis à atteindre pour l'éco-conception. On pense notamment à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation d'énergie ou encore la réduction des déchets.

  3. Concevoir le produit : la conception du produit doit se faire en fonction des objectifs définis. En fonction de ceux-ci, le produit pourra être fabriqué de matériaux recyclés ou renouvelables, sa taille ou son poids pourraient être réduits, etc.

  4. Évaluer l'impact environnemental : à chaque étape du cycle de vie, il est nécessaire d'évaluer l'impact environnemental du produit.

  5. Amélioration continue : continuez à améliorer le produit et son processus de production pour en réduire continuellement son impact.

On vous invite à lire le guide "Éco-concevoir vos produits" de la CCI.

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👀 Exemple de stratégies climat d'entreprises industrielles


Pour aller plus loin, et mieux comprendre comment des entreprises arrivent à mettre en place des actions concrètes pour réduire leur impact environnemental, voici quelques exemples :

Groupe SEB - Agir pour le climat 📕

Le Slip français - Rapport de Mission 📗

IZIPIZI - Des lunettes qui donnent le sourire 📘

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🤔 Questionner son business model


Que ce soit pour réduire l'impact de votre activité sur le climat, et/ou pour augmenter votre résilience face aux conséquences des dérèglements climatiques, il paraît pertinent de questionner votre business model.

💡 Exemple : plan de transition du groupe Michelin

Le Groupe Michelin met en place une nouvelle stratégie RSE en s’alignant sur les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies. 
Groupe Michelin 🏐

💡 Exemple : De la même manière, le groupe SEB mise sur la "révolution circulaire" 

Groupe SEB 👨‍🏫

📚 Sources et ressources


  • Les chiffres clés des émissions de GES dans l'industrie : Gouvernement 👮‍♂️
  • Les chiffres clés sur les objectifs de réduction : Ministère de l'économie 💰
  • Décarboner l'industrie sans la saborder - 2022 : Comment décarboner l'industrie lourde (sidérurgie, ciment, béton, chimie) et l'industrie manufacturière (particulièrement la production de batteries) : The Shift Project 👩‍🏫
  • Les différents secteurs et leurs objectifs de réduction - filière papier/carton : Agir pur la transition 🔃 
  • Baromètre de la décarbonation - comment décarboner en profondeur et sans tarder le bâtiment, les transports et l'industrie - 2018 : Carbone 4 👩‍💻
  • Vidéo - Stratégie bas-carbone dans l'industrie - témoignages de Lunii et ORTEC : Sommet du climat 🏔
  • Comment atténuer le changement climatique ? Synthèse vulgarisée du WGII du 6ème rapport du GIEC - 2022 : The Shift Project 👩‍🏫
  • Stratégie Adaptation Changement Climatique 2023-2027, Orientation stratégiques - 2023 : ADEME 📚
  • Capacité d'adaptation au changement climatique des entreprises, recueil d'expériences - 2019 : ADEME 📚
  • Des retours d'expériences inspirants pour décarboner votre industrie : ADEME 📚
  • Entreprises, comment prendre des décisions pour s'adapter au changement climatique ? Méthodes et études de cas en France et à l'international - 2021 : ADEME